" Seule la Vitesse 6, première version, peut prendre part à des compétitions (en France). Il est fréquent de la rencontrer dans les courses de Club ou en championnat en Angleterre. Chez nous, elle est inexistante. Elle a été produite de 1962 à 1966. (22814 exemplaires en version «saloon» et 8847 en «cabriolet»). Son moteur 6 cylindres de 1596cm3 développe 77cv(SAE). Il propulse la Vitesse 6 à un peu plus de 150km/h; ce n'est pas ce qu'on appelle un foudre de guerre! Les 927kg ne se font pas oublier facilement ! Pas question de jouer aux « apprentis sorciers », d'annoncer des puissances inhabituelles sans donner des informations sur la façon d'y arriver. Ici, il convient d'être précis! Achetée en Angleterre (il est difficile d'en trouver en France), la Vitesse 6 de notre essai est alors équipée d'un moteur 2 litres, avec 2 carburateurs SU et a bénéficié d'une petite préparation « Fast Road » qui la crédite de 120cv. Cela n'apparaît pas suffisant et, finalement, hormis la présentation, tout va être revu. Les premières courses se font sous la robe choisie par l'ancien propriétaire: blanche et fluo. Un nouveau moteur est préparé par la Société Britannique Kingston. Un mois et demi de travail ! Pour aboutir à un deux litres (cylindrée autorisée en « saloon Cars » catégorie choisie par le pilote) qui développe 170cv. Ces chevaux ne sont pas arrivés là par hasard. Le moteur a été armé de pistons Malhe, le bas moteur, soigneusement équilibré. Le vilebrequin a été traité, le volant moteur est en aluminium. La culasse est préparée, soupapes spéciales et arbre à cames « Race 300° ». La carburation est confiée à3 Weber de 45, l'échappement est du type 6 en 3 en 1. L'embrayage est renforcé et l'allumage est électronique. Pour la transmission, nous trouvons une boîte Vitesse 6 renforcée, avec Overdrive type «J». L'arbre est de série. Le pont au rapport 4,10 est un « Quaife Torsen ».Après le remontage du moteur sur la voiture, un soin particulier va être apporté aux autres éléments. La première course à Montlhéry en Avril 93 avait laissé un mauvais souvenir quant à la tenue de route. Pour y remédier, on a tout d'abord monté quatre amortisseurs réglables et équipé le train avant de ressorts plus durs et de bagues nylon. La barre anti-roulis reste celle d'origine. A l'arrière, les lames sont tarées plus dures et l'une d'entre elles est renversée. Montage également de rotules -unibal Si l'on trouve à l'avant des freins à disques ventilés, à l'arrière, les tambours sont d'origine. Les plaquettes et Ferodo sont du type " racing ". Le circuit reste mono sans assistance. Le capot est en polyester et les portes ont été allégées au maximum. Face aux contraintes évidentes résultant de l'augmentation de la cylindrée, le châssis, qui est d'origine, a été soigneusement caissonné et toute la caisse ressoudée. Un magnifique réservoir tout aluminium de 35 litres trouve sa place dans le coffre en compagnie de la batterie et de la pompe électrique. Un faisceau supplémentaire pour le radiateur d'eau, un ventilateur électrique et un radiateur d'huile supplémentaire viennent renforcer le refroidissement. Sur le plan sécurité, toutes les baies sont en Macrolon à l'exception du pare-brise feuilleté. Un arceau 6 points avec renforts latéraux est installé dans l'habitacle. Pour couronner les cinq mois de travail, la voiture est entièrement repeinte et se présente désormais dans une très seyante robe verte.

… La présentation de ce Sport Car est réussie et l'allure bien sympathique. Campée sur ses jantes -Révolution de 7 pouces, elle a un air agressif à souhait … Il n'a pas dû être facile d'installer le pédalier, de façon à ce qu'il soit bien en face du pilote. Le tableau de bord et la console centrale sont en aluminium. Face à soi et derrière le volant, 3 cadrans : manomètre de température d'eau, compte-tours et manomètre de pression d'huile. Un peu plus loin sur la droite, le boîtier à fusibles, sur la console centrale, contact démarreur, commande de pompe à essence et de ventilateur.

Dès la mise en route du moteur on est envoûté par le très joli son de l'échappement, le son rauque et profond du 6 cylindres. Incomparable! Les premiers tours du circuit de Bois Guyon sont effectués en douceur. Pendant que la température moteur monte doucement, je me rends compte que malgré la taille relativement importante des pneus (185x60.13) la direction reste douce. La visibilité est bonne. Peu à peu, à bas régime, plein de petites vibrations se font ressentir. Les premières accélérations laissent tout de suite entrevoir que les chevaux annoncés sont bien là! Si l'on n'y prend pas garde, les accélérations en sortie de chicane tiennent de la haute voltige. Il faut doser si l'on veut être efficace. La montée en régime est franche et généreuse. Il ne fait pas bien beau ce matin là à Bois Guyon et la piste humide et par endroit boueuse m'empêche d'exploiter comme je le voudrais cette belle  mécanique. Les 7000 tours, voire plus, sont atteints rapidement et c'est heureux car il ne se passe pas grand chose en dessous des 4000, malgré un poids intéressant de 850kg. Il apparaît une nette différence de réglage entre les trains, très dur à l'avant, très souple à l'arrière. Ce n'est sans doute qu'une affaire d'habitude mais c'est assez déconcertant. Cela ne m'empêche pas de me faire réellement plaisir au volant de cette Vitesse 6. Une fausse note, cependant, au chapitre du freinage qui se révèle quasi inexistant pendant l'essai, ce qui me vaut quelques soucis à deux reprises. D'après le propriétaire, ceci est inhabituel et va être revu rapidement, c'est souhaitable en effet."